A.Thaliana

Climat et résistance aux pathogènes : Quelles conséquences sur les plantes sauvages ?

Si le changement climatique semble inéluctable, au moins pouvons-nous en anticiper les répercussions sur les écosystèmes. C’est cette même inclination à l’anticipation qui a présidé aux travaux de l’équipe menée par F. Roux, chercheur récemment intégré dans le cadre du projet TULIP (cf. lettre n°2). Point de départ d’un projet des plus ambitieux : évaluer l’impact de ce changement sur une espèce végétale parmi les plus connues : l’arabette des dames ou Arabidopsis thaliana, à la fois « rat de laboratoire » du monde végétal et plante tellement commune de nos campagnes…

A l’origine, un constat qui fait de plus en plus l’unanimité : le changement climatique à l’échelle mondiale. Loin des rêves qui mèneraient à faire pousser des oliviers ou du tournesol dans le nord de la France, les chercheurs se préoccupent avant tout du maintien sur site des espèces autochtones. Ainsi, les conséquences du réchauffement climatique ne se limitent pas seulement à son impact direct sur les organismes, mais concernent aussi les relations entre organismes, comme par exemple les relations entre les plantes et leur cortège des micro-organismes.

Pourquoi s’intéresser aux micro-organismes ?

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Avec ces changements, nombre de ces derniers, qu’ils soient bénéfiques ou au contraire pathogènes, seront également amenés à migrer plus rapidement vers des zones appelées à se réchauffer. L’expérience l’ayant déjà prouvé, plus mobiles, certains micro-organismes colonisent de nouveaux milieux bien plus rapidement que les hôtes avec lesquels ils coexistent. Aussi, devant ces flux importants, plutôt que d’envisager les conséquences de scénarios impliquant la migration de leurs plantes hôtes, les chercheurs ont, a contrario, choisi de considérer l’arrivée de l’ensemble de cette « flore » microbienne sur les plantes autochtones. De plus, si ce flux est bien entendu régulé par les conditions climatiques, il ne l’est pas moins par le patrimoine génétique de la plante avec laquelle ces microorganismes interagiront. Certaines variétés de la même espèce étant par exemple plus ou moins résistantes envers des communautés de bactéries ou de champignons données…

Des gènes qui modèlent des communautés de micro-organismes…

Un objectif de ce projet est d’identifier, parmi les populations naturelles d’A.thaliana, certains gènes qui pourraient modeler les communautés de micro-organismes vivant au sein des plantes. C’est donc en établissant le lien entre les patrimoines génétiques des plantes et les communautés de micro-organismes qui les occupent que les chercheurs espèrent pouvoir prédire la capacité d’adaptation des populations d’A.thaliana locales à des communautés de micro-organismes migrant depuis des zones plus chaudes. Une recherche à la fois fondamentale et appliquée car, si l’on parvient à prévoir la réponse d’une plante commune face aux changements à venir, il y a fort à parier qu’on pourra en faire de même avec les plantes d’intérêt agronomique…

Projet CLIMARES : Etudier le potentiel des populations naturelles végétales face au changement climatique en identifiant les gènes associés à la résistance aux agents pathogènes.

Financement : LabEx TULIP / Région Midi-Pyrénées (Programme « Accueil de nouvelles équipes d’excellence »)

Date de modification : 07 juin 2023 | Date de création : 19 février 2014 | Rédaction : G.Esteve