TULIP s’agrandit avec l’accueil d’une nouvelle unité : le laboratoire Interactions Hôtes-Pathogènes-Environnement

Le périmètre de notre Labex s’agrandit avec l’accueil de l’unité IHPE, qui, comme TULIP, a adopté de longue date une démarche à l’interface entre mécanismes infra- et supra-individuels. L’IHPE s’intéresse à des systèmes biologiques en interaction impliquant différentes espèces d’invertébrés d’intérêt médical ou vétérinaire (mollusques gastéropodes), aquacole (mollusques bivalves) ou encore écologique (corail). A cette occasion, Guillaume Mitta, Directeur du laboratoire, nous parle de son unité et de sa motivation à entrer dans la dynamique interdisciplinaire de TULIP.

Guillaume Mitta : IHPE est une unité née de la réunion d’un groupe de recherche Perpignanais et d’un groupe Montpelliérain. Ses tutelles sont le CNRS, l’Université de Perpignan Via Domitia (UPVD), l’Université de Montpellier (UM) et l’Ifremer. Elle comprend actuellement 36 personnels permanents et 21 personnels non permanents (doctorants et post-doctorants) répartis en 2 équipes de recherche sur les campus de l’UPVD et de l’UM.

L’une des équipes, « ECOLogie et EVolution des Interactions » (Resp : Grunau C.), s’intéresse principalement à des modèles aquatiques d’eau douce (notamment les schistosomes, des trématodes parasites responsables de la bilharziose). L’autre équipe, « Mécanismes d’Interaction et d’adaptation en Milieu Marin » (Resp : Destoumieux-Garzon D.), est tournée vers les modèles marins (huitres et corail). Les deux équipes travaillent toutefois avec un haut niveau d’intégration et de transversalité au travers de « défis » qui traversent leurs champs disciplinaires : Poids relatif de la génétique et de l’épigénétique dans l’évolution adaptative (Resp : Grunau C.) ; Dynamique de l’holobionte et fitness (Resp : Toulza E. &. Montagnani C.).

Récemment nous avons publié deux résultats marquants :

  1. Le décryptage de l’origine d’une épidémie de bilharziose urogénitale (120 cas contractés en Corse du Sud en 2014 et de nouvelles contaminations en 2015 & 2016) qui a atteint l’Europe, c’est l’un des premiers foyers de transmission d’une maladie tropicale à ces latitudes. Le réchauffement climatique et un phénomène d’hybridation ont été le moteur de cette émergence inattendue. Nous sommes Centre Collaborateur de l’Organisation Mondiale de la Santé pour notre expertise sur ce parasite.
  2. Nous venons de publier dans la revue Nature Communications le mécanisme de la pathogénèse qui tue 60 à 80% des huitres juvéniles chaque année en France et dans bon nombre de pays producteurs.

Le laboratoire développe des approches intégratives de ces interactions en les étudiants à différentes échelles : des mécanismes moléculaires les plus fins à des niveaux d’organisation populationnels. Cette recherche s’inscrit dans un contexte écologique et évolutif, à l’interface entre la biologie fonctionnelle et la biologie des populations. Cette démarche est complémentaire et en parfaite adéquation avec les objectifs et la philosophie du LabEx TULIP.

En effet, si la communauté « animale » de TULIP, à l’origine principalement éco-évolutionniste, intègre de plus en plus les approches fonctionnelles, à l’inverse, l’IHPE est parti de l’autre extrémité du continuum et resitue les approches fonctionnelles sur différents modèles animaux dans un contexte écologique et évolutif. Ainsi, cette intégration apportera une vision symétrique tout en renforçant les interfaces et favorisant les équilibres entre sciences de l’environnement, biologie fonctionnelle, biologie animale et biologie des plantes au sein du LabEx.

Les thématiques du laboratoire IHPE rentrent de plein pied dans le MTR2 (interactions entre organismes) de TULIP. Les recherches débordent également sur le MTR3 –prise en compte des influences environnementales (biotiques et abiotiques) sur les interactions– et certaines thématiques relèvent également du MTR1, notamment pour ce qui concerne l’adaptabilité des coraux au réchauffement climatique.

PhotoGroupeIHPEVignette

Enfin, l’unité IHPE est également partie prenante du LabEx CeMEB. Nous avons deux communautés très complémentaires en Occitanie et cette création de ponts entre les sites Toulousains, Montpelliérains et Perpignanais aura beaucoup de sens dans le maillage régional de nos disciplines scientifiques.

Nous avons une collaboration étroite entre Fabien Aubret (SETE) et Christophe Grunau (IHPE), qui se traduit notamment par le portage commun d’un Projet Exploratoire Premier Soutien CNRS INEE autour de la « Composante épigénétique de la variabilité phénotypique chez le serpents ». Olivier Rey (IHPE) collabore activement avec plusieurs membres de TULIP et encadre actuellement une thèse avec Géraldine Loot (EDB). Récemment Géraldine Loot et Eve Toulza (IHPE) ont porté un projet commun en réponse à l’Appel à projets InterlabEx 2018: « Variability in fish fins-associated microbiota: a serious side effect or a real chance for parasites? ». On peut citer également le Groupement De Recherche CNRS en Epigénétique – Ecologie – Evolution (GDR3E) récemment créé et porté par Christophe Grunau et dans le comité scientifique duquel on retrouve plusieurs chercheurs affiliés à l’IHPE et à des unités TULIP. On voit déjà le bénéfice du rapprochement qui s’amplifiera dans les mois à venir avec l’entrée d’IHPE dans TULIP.

 Rappel de l’historique du rapprochement jusqu’à l’intégration de l’unité

  • Premier contact le 27 Juin 2017.
  • Discussion au Conseil Scientifique TULIP  le 23 octobre 2017
  • Discussion au Conseil Exécutif  TULIP le 30 novembre 2017
  • Présentation en Assemblée générale le 5 mars 2018
  • Présentation au CE élargi aux tutelles le 6 Mars 2018
  • Date prévue d’intégration du IHPE : 1er janvier 2019

Nous sommes persuadés que la compréhension et la prédiction de l’évolution des systèmes biologiques en interactions passe par la réalisation d’un continuum entre biologie des mécanismes et modélisation des systèmes biologiques. Comme je le disais précédemment, IHPE s’inscrit à une extrémité du pont reliant les deux domaines de la biologie que TULIP s’efforce de rapprocher et j’espère que l’on pourra mobiliser notre expertise et celle des chercheurs des unités du LabEx pour implémenter des modèles prédictifs de l’évolution des systèmes que nous étudions. C’est un enjeu crucial dans le contexte de changement global et notamment parce que nos modèles ont un intérêt médical, écologique, évolutif ou économique.

Date de modification : 07 juin 2023 | Date de création : 13 décembre 2018 | Rédaction : Guillaume Mitta & Guillaume Cassiède-Berjon