Fabien Jan

Liens familiaux, gages d’adaptation ?

De nombreuses espèces animales vivent en meutes, couples, colonies… Pour autant, en regard d’espèces où les individus demeureraient isolés, s’il y a bien des avantages à de telles organisations sociales telles que la capture de proies ou la défense contre les prédateurs, elles présentent également des désavantages tels que faciliter la circulation de parasites et autres agents pathogènes. Afin de comprendre l’utilité ou les conséquences génétiques de ces « structures sociales », Bárbara Parreira, étudiante de thèse à l’Instituto Gulbenkian de Ciência et L. Chikhi (EDB / Instituto Gulbenkian de Ciência / LabEx TULIP / LIA BEEG-B) ont étudié l’influence de la structure sociale sur la variabilité génétique des individus et donc, sur le potentiel d’adaptation des populations.

Partant de données concernant plusieurs espèces de primates (lémuriens, ouistiti, gorilles, et chimpanzés...) ayant des systèmes sociaux variées (monogamie ou polygamie, polygynandrie, migration des mâles et/ou femelles hors du groupe) cette étude fait apparaître des résultats pour le moins inattendus. Alors que l’on pourrait supposer que l’optimum de la diversité génétique – fruit du brassage entre individus – est atteint pour des populations non structurées, au sein desquelles chaque individu, en dehors de toute organisation sociale, suit sa propre trajectoire ; la vie en groupe apparait en réalité comme le meilleur garant de diversité génétique. En assurant de plus grandes chance à ses membres de se reproduire et donc de transférer leurs gènes, la subdivision en groupe permet ainsi, à l’échelle d’une population, une meilleure conservation des variants génétiques. Par ailleurs, ces travaux montrent que les individus d’un même groupe ont davantage tendance à être hétérozygotes (i.e. à posséder 2 variants ou allèles d’un même gène dans leur ADN)…. Cela pourrait d’ailleurs leur permettre, en présentant des profils immunitaires plus variés, de mieux résister aux agents pathogènes.

Une telle avancée a plusieurs conséquences. Au niveau de la méthodologie, ces travaux montrent qu’il est important d’intégrer une nouvelle échelle, celle du groupe familial. En y intégrant les observations des écologistes en complément des outils des généticiens des populations, cette méthodologie peut conduire à mieux comprendre la diversité génétique des populations. Par ailleurs, ces travaux soulignent les conséquences très concrètes que peuvent avoir pour les populations naturelles la restriction de l’espace disponible résultant par exemple de la déforestation… Pour peu que l’on sache que ces changements ont souvent pour effet de modifier en profondeur les structures sociales animales…

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Contact chercheur :

Référence publications:

  • PNAS - On some genetic consequences of social structure, mating systems, dispersal, and sampling - Doi 10.1073 - Bárbara R. Parreira & Lounès Chikhi

Date de modification : 07 juin 2023 | Date de création : 25 juin 2015 | Rédaction : G.Esteve - english writings made from The Instituto Gulbenkian de Ciência (IGC)