Stocks de carbone des forêts tropicales : Evaluer pour mieux protéger

Les forêts tropicales sont d’importants réservoirs de biodiversité et jouent également un rôle essentiel dans le cycle du carbone. Leur dégradation pourrait donc avoir de graves conséquences sur le climat de notre planète. Une étude menée par de nombreux chercheurs de par le monde et coordonnée par Jérôme Chave (EDB) propose des outils statistiques pour évaluer de manière plus précise les conséquences de la déforestation tropicale sur le cycle du carbone.

Depuis 2008, date à laquelle il a été lancé par les Nations Unies, le programme international REDD (Reducing Emissions from Deforestation and Forest Degradation) encourage la réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts. Parmi les outils proposés par la Convention-cadre des Nations Unies figurent notamment des mesures visant à rémunérer les pays s’engageant à réguler la déforestation. Cependant, comme dans d’autres secteurs, inclure les forêts tropicales dans un "marché carbone" passe par une évaluation des stocks de carbone disponibles dans ces écosystèmes, qui figurent parmi les plus complexes au monde.

Dans un article publié dans la revue Global Change Biology en juin 2014, J. Chave, du laboratoire Évolution et Diversité Biologique de Toulouse (EDB – UT3 / CNRS / ENFA) et des collaborateurs issus de douze pays différents ont développé des modèles « allométriques » afin d’estimer les stocks de biomasse dans les arbres tropicaux à partir d’inventaires forestiers. Testé sur plus de 4000 arbres pesés directement dans 58 sites de forêts tropicales, ce modèle permet de quantifier précisément le stock de biomasse aérienne à partir de mesures biométriques (diamètre de tronc, hauteur d’arbre). Il informe également sur les contraintes biomécaniques et évolutives du design architectural des arbres.

Ce modèle permettra donc de produire des estimations précises des stocks de biomasse dans des parcelles d’inventaires déjà mises en place par les instituts forestiers dans le cadre des projets REDD. De plus, couplés à des mesures satellitaires, il sera possible de suivre l’évolution des stocks de carbone des forêts tropicales à l’échelle globale, et ainsi de les protéger plus efficacement. C’est par exemple la mission du futur satellite BIOMASS de l’Agence Spatiale Européenne, dont le lancement est prévu pour 2020.

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Date de modification : 07 juin 2023 | Date de création : 13 janvier 2015 | Rédaction : G. Esteve