Une start-up qui donne du PEPs à la recherche de TULIP !

A l’occasion du lancement de la société MicroPEP Technologies, entretien avec deux des trois fondateurs de l’entreprise, Jean-Philippe Combier chargé de recherche CNRS au sein du LRSV, une unité du LabEx TULIP, et Thomas Laurent, diplômé ESSEC, entrepreneur « green tech », marketing des innovations et prospection industrielle.

Quelle est la base scientifique à l’origine de la création de microPEP technologies ?

Jean-Philippe Combier

J-P Combier : Les microARN sont des petits ARN (environ 21 nucléotides) contrôlant la plupart des processus biologiques, en régulant négativement l’expression de nombreux gènes cibles. Ils sont présents et actifs chez tous les organismes et, chez l’humain, ils sont impliqués dans de nombreuses pathologies. Les microARN sont issus de transcrits primaires, qui sont des molécules d’ARN plus grandes produites par transcription de l’ADN. Les transcrits primaires de microARN ont été longtemps considérés comme des ARN non codants, mais ils peuvent aussi coder pour de petits peptides régulateurs (miPEP) produits naturellement et spécifiques de chaque microARN. Ces miPEPs activent la transcription de leur microARN associé. Ainsi le traitement de plantes par miPEP permet d’augmenter la quantité de microARN qu’elles produisent. En choisissant bien les microARN ciblés, il est possible d’obtenir des phénotypes particuliers sur les plantes, permettant d’envisager de nombreuses applications agronomiques (amélioration du rendement, réduction des stress, amélioration des défenses, croissance accélérée, ralentissement de la croissance de plantes adventives).

L’intérêt de cette technologie, c’est de faire émerger une nouvelle classe de molécules naturelles qui présente un potentiel pour une agriculture raisonnée et durable. Avec l’ambition de proposer une alternative possible aux intrants chimiques et pesticides.

Qu’est-ce qui vous a amené à créer cette start-up ?

T. Laurent : Partant de cette base scientifique et des possibilités technologiques qui en découlaient, une réflexion a été menée quant au dépôt et à l’exploitation d’une licence concernant le brevet Princeps (le brevet le plus en amont, qui protège le concept), qui concerne toute utilisation des miPEPS en agronomie, et plusieurs brevets applicatifs. En 2015, au moment où s’est posée la question de la valorisation de cette technologie à fort potentiel, les conseils stratégiques de Toulouse Tech Transfer (la Société Accélération et Transfert de Technologie Midi Pyrénées) ont été de pousser vers la création d’une société pour focaliser sur une structure unique toute la valorisation dans ce secteur. A l’issue de cette réflexion, je me suis porté volontaire pour piloter l’entreprise et être à 100% sur MicroPEP Technologies. Après un lancement début mars de la société, nous sommes en phase de négociation du contrat de licence qui sera signé cet été. Cette licence permettra une levée de fonds, espérée pour le dernier trimestre de 2016 afin de démarrer l’activité avec une équipe et des moyens (chambres de culture par exemple). En ce sens, TULIP constituera donc l’un des premiers financeurs, avec le projet « Innovation » récemment sélectionné par son comité Innovation.

Et quelles sont vos perspectives ?

Thomas Laurent MicroPEP Techno

T. Laurent : notre ambition serait de créer une entité proche du LRSV, au sein de TULIP, qui pourrait supporter les efforts du laboratoire et l’aider à poursuivre. S’ajoutent des objectifs de montage de partenariats très forts, tant au niveau local que pour le rayonnement au-delà de la France au vu du potentiel de cette technologie de rupture. D’un point de vue scientifique pur c’était déjà une découverte notable, et les applications industrielles et techniques qui en découlent sont très importantes. Nous avons également de forts enjeux concernant le passage de cette technologie du laboratoire au champ, pour que les solutions que nous proposons soient utilisables pour l’agriculture de demain. Avec l’utilisation de cette technologie in vitro pour améliorer des procédés qui utilisent la technologie végétale comme usine de molécules d’intérêt, ce sont les premiers sujets clef sur lesquels la start-up va travailler.