Une reprogrammation des réseaux de virulence pour s’attaquer aux hôtes résistants ?

Les capacités infectieuses des bactéries reposent sur la mise en place de programmes de virulences finement régulés. Dans une étude d’évolution expérimentale portant sur la bactérie pathogène des plantes, Ralstonia solanacearum, Rekha Gopalan-Nair et ses collègues de l’équipe « Pouvoir Pathogène de Ralstonia et de son adaptation à son Environnement » du LIPME ont pu montrer qu’une reprogrammation convergente des réseaux de régulation permettait à cette bactérie d’infecter une tomate normalement résistante. Après une série de passages successifs de la souche GMI1000 de R. solanaceaum sur la tomate Hawaii 7996 qui est normalement résistante à cette souche, les auteurs de cet article ont observé l’apparition de variants de la bactérie capables de surmonter la résistance quantitative portée par Hawaii 7996. Les analyses génomiques et transcritomiques ont permis d’établir qu’il ne s’agissait pas d’un contournement de la résistance mais plutôt d’une reprogrammation globale et convergente de l’expression des gènes bactériens, impliquant notamment 4 gènes régulateurs parmi lesquels figurent hrpB et efpR qui contrôlent la virulence de R. solanacearum. Des données de transcriptomique suggèrent que des modifications épigénétiques pourraient également réguler certains des composants de ces réseaux de régulation.

Publication Gopalan-Nair R et al. (2020) – Molecular Biology and Evolution - Convergent Rewiring of the Virulence Regulatory Network Promotes Adaptation of Ralstonia solanacearum on Resistant Tomato.
Gopalan-Nair R, Jardinaud MF, Legrand L, Landry D, Barlet X, Lopez-Roques C, Vandecasteele C, Bouchez O, Genin S, Guidot A. Mol Biol Evol. 2021 May 4;38(5):1792-1808. doi: 10.1093/molbev/msaa320. PMID: 33306125; PMCID: PMC8097285.